Le mâle dominant est plus stressé que les autres
Vous enviez la position hiérarchique de votre chef, sa place, son titre et son revenu ? Alors lisez les résultats d'une étude publiée dans "Science" portant sur le degré de stress des mâles dominants…. chez les singes. Une équipe de l’université de Princeton (1), a suivi pendant neuf ans cinq groupes de babouins du Kenya, des singes vivant en groupes hiérarchisés d’environ 40 individus des deux sexes. Chaque groupe est dominé par un mâle appelé « alpha », suivi par des mâles de second rang, les sous-chefs dit « bêta », qui eux-mêmes dominent des mâles de rang inférieur.
Pour le savoir, on a mesuré les taux de glucocorticoïdes, des hormones qui régulent le stress, dans les excréments prélevés (chez les animaux et pas chez les chercheurs !). Les résultats montrent que les mâles « alpha » ont des taux de glucocorticoïdes plus élevés que les mâles « bêta », témoignant d’un stress plus élevé. L’étude montre, d’une part que le mâle dominant « alpha » est plus stressé que ses inférieurs immédiats « béta » dans la hiérarchie ; et d’autre part que les niveaux de stress des mâles « alpha » est le même que celui des mâles positionnés en bas de la hiérarchie. Comment expliquer ces résultats ?
Selon les auteurs de l’étude, le mâle dominant dépenseraient beaucoup d’énergie à chasser les autres pour conserver son rang et à conquérir les femelles pour se reproduire. Les dominés ou mâles en bas de l'échelle éprouveraient un stress du fait des efforts à déployer pour accéder à la nourriture et à d'autres ressources. Cependant, les efforts des dominants ne sont pas toujours couronné de succès puisque les dominés reçoivent au final à peu près autant d’attention de la part des femelles.
La généralisation des résultats de ces travaux aux groupes humains est bien tentante ! Robert Sapolsky, expert du stress et professeur de biologie à l'université de Stanford, qui n'a pas participé à ces travaux, nous met cependant en garde car selon lui, comparer la situation de ces singes à celle des humains relèverait de la spéculation. «Un groupe de babouins n'est pas une entreprise dans laquelle un cadre, mâle alpha ou autre, prend les décisions», a-t-il estimé.
A ce jour il y a peu d’études statistiques montrant des différences de niveaux de stress en fonction de la position hiérarchique. Selon les travaux de la Fondation européenne pour l’amélioration des conditions de vie et de travail, le niveau de stress augmente sensiblement avec la qualification. « Ainsi, 17 % des ouvriers et employés non qualifiés sont à un taux trop élevé de stress, 25 % des employés administratifs, 32 % des cadres et 40 % des professions intellectuelles et scientifiques ». Même si la transposition des résultats de l’étude des babouins aux humains est hasardeuse, la métaphore animale est intéressante. Elle illustre probablement ce qu’ont été les organisations sociales et professionnelles du passé, et ce qui ne marche plus. Cette métaphore de la domination n’est pas un modèle de management pour le futur. Défendre sans arrêt son territoire est certainement une source de stress.
Je n’ai également pas dit que chez les babouins, être sous-chef, ça a du bon, qu’il vaut mieux adopter la « beta » attitude et qu’il y avait des avantages à ne pas viser trop haut. D’autant plus que pour attirer les filles, la position de dominant n’est pas forcément un atout ! Ce que je voudrais dire, c’est qu’une position dominante ou hiérarchique dans un système n’impose pas des relations de domination. D’autant plus que s’imposer par la force est épuisant et peu durable, car on meurt d'épuisement si on est pas rapidement remplacé par un plus fort.. Contrairement aux babouins, il est possible d’être chef sans imposer quoi que ce soit et en favorisant l'émergence d'une intelligence collective. Contribuer à apporter du bien-être et de la qualité de vie au travail sera probablement la compétence numéro 1 du leader de demain. Ce qui présuppose que les leaders sauront gérer leur propre énergie et leur propre bien-être. la PNL a certainement beaucoup à apporter dans ce domaine.
(1)“Life at the Top: Rank and Stress in Wild Male Baboons” Laurence R. Gesquiere1, Niki H. Learn, M. Carolina M. Simao, Patrick O. Onyango, Susan C. Alberts, Jeanne Altmann, Science 15 July 2011: Vol. 333 no. 6040 pp. 357-360
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