Si vous avez aimé transgressé les règles dans votre enfance, vous avez le profil d'un entrepreneur
« Comment puis-je être aussi grand que Bill Gates, Steve Jobs, Elon Musk ou Richard Branson ? » Justine Musk, l’ex épouse d’Elon Musk et écrivain devenu célèbre répond à cette question dans un article pour Quora : « Ces personnes sont en général des êtres étranges et inadaptés obligés de vivre dans le monde d’une manière peu commune qui les met au défi. Ils ont développé des stratégies pour survivre et au fur et mesure qu'ils vieillissent, ils commencent à appliquer ces stratégies à d'autres choses, ce qui devient un avantage notable et puissant. Ils ne pensent pas comme les autres. Ils voient les choses sous un angle qui débouche sur de nouvelles idées et de nouvelles perspectives. Les autres les considèrent un peu fous. Soyez obsédé. Soyez obsédé. » De même ce ne sont pas les compétences relationnelles de Steve Jobs qui l'ont rendu célèbre.
Les données des biographies de 1000 enfants suivis pendant plus de 40 ans
Les psychologues ont mené une étude longitudinale intitulée « développement individuel et adaptation » dans laquelle 1000 enfants d’une classe de sixième ont été suivis pendant une période de 40 ans. «Nous avons analysé ces données en cherchant l'esprit d'entreprise que les participants démontrer plus tard dans leur carrière professionnelle. Nous voulions savoir quel genre de comportements sociaux ils montraient », dit le Dr Martin Obschonka du Center for Applied Developmental Science à l'Université de Jena. Les chercheurs ont analysé les données concernant les comportements et attitudes des participants visant à briser les règles. Puis ils ont suivi ces tendances antisociales jusqu’à l'âge adulte. Dans le même temps, un suivi des archives de la police concernant les infractions pénales suivies de sanctions a été réalisé.
Les tendances antisociales démontrées dans les biographies des entrepreneurs
Les résultats donnent une image à multiples facettes des entrepreneurs. D'une part, les chercheurs ont pu démontrer les tendances anti- sociales systématiquement présentes dans les biographies des entrepreneurs. Par rapport à ceux qui n'ont pas créé leur propre entreprise, les entrepreneurs ont montré des caractéristiques surprenantes. Les futurs créateurs d'entreprises ont une nette tendance à enfreindre les règles à l'école, à la maison face à leurs parents, et au cours de leurs loisirs. Par exemple, le mépris plus fréquente des consignes parentales, une tricherie plus fréquente à l'école, le jeu, une consommation de drogues plus régulière, l’école buissonnière ou le vol à l’étalage dans les magasins. Ces résultats apparaissent surtout dans les biographies des participants masculins de l'étude.
"D'autre part, l'étude montre aussi une autre facette des types d’entrepreneur», dit le Dr Obschonka. Car chez les adultes on ne trouvait plus de différences entre les entrepreneurs ou non - entrepreneurs concernant les tendances antisociales. Les données ont aussi souligné le fait que les tendances antisociales précoces se réduisaient le plus souvent à de «petits délits ». En effet, les analyses des données de la police sur la criminalité montrent que le type entrepreneur n’est pas significativement différent des autres quand il s'agit de comportement sanctionné par la loi- ni dans leur adolescence, ni dans leur vie adulte. " Sur la base de ces données, on peut affirmer que les entrepreneurs n'ont pas de carrières plus criminelles que les non -créateurs », explique le Dr Obschonka." De même, aucune différence ne se retrouvait dans les attitudes anti- sociales».
Les entrepreneurs sont des innovateurs
Pourtant, la tendance aux comportements de transgression des règles était clairement présente à l'adolescence. " Mais cela ne signifie pas qu’à l'âge adulte les règles doivent être régulièrement transgressées et que le comportement anti- social sera de rigueur », explique le Dr Obschonka . Ainsi, les résultats de l’étude ne collent pas avec les préjugés les plus courants sur l’aspect antisocial et égoïste des entrepreneurs. Il est décisif pour un entrepreneur d’avoir une vision des innovations qu’il souhaite réaliser. Chez ceux qui sont en mesure de prendre ces chemins inhabituels et risqués, un certain non - conformisme peut souvent être retrouvé. Le courage d'explorer l'insolite pourrait trouver ses racines dans les comportements qui enfreignent les règles à l’adolescence. «Les données suggèrent que le comportement des adolescents rebelles envers des normes socialement acceptées et un questionnement précoce des frontières ne conduit pas nécessairement à une carrière criminelle et antisociale. Cela peut constituer la base d'un entrepreneuriat productif et socialement acceptable. Une tendance à la prise de risque à l'adolescence peut jouer un rôle important dans le développement futur de l’entrepreneur, explique le Dr Obschonka .
Journal de référence: Martin Obschonka , Håkan Andersson, Rainer K. Silbereisen , Magnus Sverke . Briser les règles , la criminalité et l'esprit d'entreprise : une étude de reproduction et d'extension des données longitudinales de 37 ans . Journal of Vocational Behavior, 2013; 83 (3) : 386 DOI: 10.1016/j.jvb.2013.06.007
Commentaires : merci à cette étude d'avoir démontré que les entrepreneurs ne sont pas tous des psychopathes obsédés par l'argent. L'obsession porte sur la réalisation d'une vision concernant une innovation, et les moyens de réaliser cette vision. Les entrepreneurs de la nouvelle génération sont souvent des entrepreneurs sociaux. Si on se réfère au modèle SFM -Success Factor Modeling de Robert Dilts, la réussite de ces nouveaux entrepreneurs sont en grandes partie dues à des compétences psycho-sociales. En plus de prendre le risque de créer de la richesse en réalisant une passion, ils veulent apporter une contribution à leur environnement, ils veulent faire grandir les équipes au niveau mental et émotionnel, en partageant leur vision avec leur pairs, et en générant des richesses à partager avec tous ceux qui ont contribué à la réussite de l'entreprise.
Jean Luc Monsempès
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