Le sentiment d'expertise est dangereux pour la connaissance
Vous considérez-vous comme un expert dans un domaine particulier, que ce soit l’économie, la PNL, la biologie, la littérature, la philosophie, ou tout autre domaine ? Alors sachez que votre sentiment d’expertise vous coupe de la réalité qui vous entoure, et impacte votre réel degré de connaissance. Une étude "Self-Perceived Expertise Predicts Claims of Impossible Knowledge" publiée dans la revue Psychological Science (Atir et al., 2015), montre que les « Je-sais-tout» ne savent pas autant qu'ils le pensent, et que plus les individus pensent qu'ils en savent beaucoup sur un sujet, plus ils sont susceptibles d’affirmer que des faits totalement construits sont vrais.
Selon Stav Atir, «Plus les gens croient savoir à propos des finances en général, plus ils sont susceptibles de proclamer leur connaissance des termes financiers fictifs. La même tendance a été observée dans d'autres domaines, dont la biologie, la littérature, la philosophie et la géographie.
Par exemple, l'évaluation que des individus font de leur connaissance d’un terme biologique particulier va dépendre en partie de leur croyance à propos de la biologie en général.
Même après information des participants sur le fait que des mots avaient été fabriqués, ceux qui se considéraient comme des experts continuaient à surestimer leur connaissance.
Par exemple: les «Experts» en géographie disaient qu'ils savaient tout des villes comme « Cashmere », « Oregon », malgré le fait que les noms avaient été inventés. Les «experts» en biologie prétendaient savoir ce qu’est une « méta-toxine » ou ce que signifiait le «bio-sexuelle», alors que les deux termes ont été inventés pour les besoins de la recherche.
Stav Atir explique que le sentiment d’être un expert peut vraiment être une chose dangereuse:
"Notre travail suggère que la tâche apparemment simple consistant à évaluer ses connaissances peut ne pas être si simple, surtout pour des personnes croyant avoir au départ un niveau relativement élevé de connaissances."
Commentaires : cette étude est fort intéressante par son impact sur l’apprentissage car elle montre clairement que le sentiment d’être un expert, par l’acquisition d’un niveau de connaissance sur un sujet, modifie notre capacité à apprendre des choses nouvelles. Un peu comme si le sentiment d’être un expert constituait une cuirasse contre l’apprentissage. D’un point de vue PNL, je pense que le sentiment d’expertise est d’autant plus solide qu’on s’y identifie. Ce n’est pas la même chose de dire « j’ai une expertise dans un domaine X » que de dire « Je suis un expert de ce domaine ». Dans le processus d’identification du second cas, ce que l’on croit savoir a surement une portée bien plus large que dans le premier cas. Et ce que je crois être va bien évidemment diriger la nature de mes observations.
Comment acquérir le sentiment d’être un expert (et pas d’avoir une expertise) ? Les méta-programmes de la PNL doivent pouvoir nous apporter des réponses.
Par exemple en demandant « Comment savez-vous que vous êtes un expert ? », vous pouvez avoir des réponses sur la source de la motivation à être un expert : soit une référence interne (Expert auto-proclamé), avec laquelle le sujet évalue par lui-même le seuil de connaissance à avoir pour s’attribuer le titre d’expert ; soit une référence externe (Expertise proclamées par les autres) avec laquelle le sujet délègue à son environnement l’attribution du titre d’expert.
Je crois que le sentiment d’expertise auto-proclamée constitue un lourd handicap à l’apprentissage, et que c’est au contraire l’état de « non savoir » qui nous permet d’en savoir de plus en plus.
Pour la programmation neuro-linguistique ou PNL, l'état de "non-savoir " est un état d'excellence pour l'apprentissage. Carlos Castaneda disait que l’état de non-savoir du bébé permettait à ce dernier de s’ouvrir à la connaissance du monde. Ce qui veut dire que nous apprenons d’autant mieux que nous n’avons aucun préjugé sur notre niveau préalable de connaissance. Le jeune enfant est le plus grand expert au monde de la vie, car il s'imbibe du savoir du monde qui l'entoure, sans filtrer la connaissance acquise et sans conscience de ce qu'il a appris. Avec l’acquisition du langage, l’enfant apprend à nommer, à séparer et à figer des expériences, ce qui va produire des effacements énormes, des sur-généralisations et des distorsions. On porte alors des jugements sur ce qu'on croit savoir ou pas. Nos croyances donnent une direction à nos apprentissages et limiter nos états d'excellence à apprendre. Nos croyances et nos préjugés, surtout avec la justification d'une expérience du passé " Je sais parce que j'ai été ou j'ai fait...." sont des barrières à l'apprentissage dans le présent.
C’est le sentiment de ne rien savoir qui va vous transformer en expert. Se mettre dans un état de non savoir permet de suspendre nos filtres psychologiques à l’apprentissage de ce que nous ne savons pas. C’est ainsi que Richard Bandler est devenu un modélisateur d’exception.
Bonjour
C'est vrai que l'expérimentation permet d'avoir un point de vue, une certaine connaissance. Cependant cette connaissance est apprise au-travers ses propres filtres.
Rédigé par : Elisabeth Roy | 01 septembre 2015 à 17:03